Une ancienne membre de la Commission européenne impliquée dans le scandale de Bahamas Leaks

L’ex commissaire européenne à la concurrence Neelie Kroes a été la directrice d’une entreprise offshore dont l’immatriculation a été faite aux Bahamas. Elle sera obligée de répondre face aux institutions.

Après avoir mené une investigation et révélé au grand jour, l’affaire des Panama Papers et l’Offshore Leaks, le consortium international des journalistes d’investigation (Icij) ont dirigé leur pas vers les Bahamas, qui est également un paradis fiscal. Au sein de la capitale de ce pays, on compte près de 40 000 sociétés offshores alors que le pays ne compte que 300 000 habitants, comme le détaille l’Icij, collaborateur du Monde. Favorisé par une fiscalité basse, le secteur financier occupe 20% du PIB dépassant triplement celui du Royaume-Uni.

Le contenu des fichiers

Le dossier qui a été donné au Süddeutsche Zeitung par une source dont le nom a été dissimulé contient 1,3 millions de fichiers reposant sur 175 888 sociétés offshores fondées aux Bahamas entre 1959 et 2016.

Dans ces dossiers on retrouve des informations contenant le nom des propriétaires des entreprises en question. Cependant, ils ne parlent pas des activités de leurs entreprises, ni de ceux à qui sont dédiés les bénéficies permettant de savoir si ces propriétaires ont caché des activités illicites.

Plusieurs personnalités figurent dans ce dossier brûlant comme le ministre des finances canadien Bill Morneau, l’ex émir du Qatar Hamad ben Khalifa Al-Than ou un l’ex chef du gouvernement de Mongolie, mais aucune information n’est fournie sur leur participation dans une entreprise offshore. Mais celle qui devra répondre dans cette affaire, c’est l’ancienne commissaire européenne à la concurrence, Neelie Kroes.

Les faits

En fait, d’après les fichiers découvert, Neelie Kroes fut directrice d’une société offshore appelée Mint Holdings Ltd de 2000 à 2009, alors qu’elle ne l’avait pas indiqué au moment où elle prenait les fonctions en 2004.
D’après le code de conduite de l’Union européenne, « il n’est pas possible aux membres de la Commission d’exercer une autre activité professionnelle, rémunérée ou non ».

Mais l’intéressée, indique que Mint Holdings n’était pas une véritable entreprise, mais elle avait été fondée afin d’acquérir, des actifs d’Enron une entreprise spécialisée dans le gaz. Alors qu’elle était commissaire européenne à la concurrence, elle a eu a aussi travailler sur le secteur du gaz, suscitant des perplexités de conflit d’intérêt. Raison pour laquelle, la Commission lui a demande ce jeudi d’apporter des « clarifications », qu’elle a promit fournir.

Très proche des grands groupes

En fait, l’intéressée est devenue célèbre en s’attaquant à la situation monopolistique de Microsoft ou des groupes spécialisés dans l’énergie comme E.ON et GDF Suez. Mais elle était aussi accusée pour son accointance avec les grands groupes. Actuellement, elle est conseillère de Bank of America et Uber.

L’affaire tombe mal pour Jean-Claude Juncker, qui doit déjà gérer le passage de son prédécesseur Manuel Barroso chez Goldman Sachs. Les deux affaires entretiennent le doute sur les liens entre la commission européenne et les milieux d’affaires. Une aubaine pour certains partis populistes européens, qui lui dénient toute légitimité. En France, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) ou Florian Philippot (FN) en profitent pour demander sa dissolution.